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J+2: dans les pensées de la Vieille Dame

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coupedavislacoupeDans un coin du terrain, la Coupe Davis n’a cessé de penser. Pensées que j’ai réussi à capter par le plus grand des hasards.

Discrète mais imposante, la Coupe Davis regarde le double. Calée dans un coin du terrain, protégée en permanence par un gardien bienveillant, il en est, le Saladier d’Argent (qui est en fait un plat à punch) à son 104ème double de finale.

Alors, pourquoi le nier ?, du haut de son expérience et de son vécu, il lui arrive, à la Vieille Dame, de ne pas regarder chaque point et de se laisser aller à des rêveries. Tennistiques, bien entendu, puisqu’elle ne connaît quasi que cela.

Hier, par chance, j’ai eu, je ne sais pour quelles raisons, accès à ses pensées. Je vous les livre sans détour, en espérant qu’elle ne m’en voudra pas d’avoir volé ses propos.

« Belgium, Belgium ???? » Ce nom me dit bien quelque chose mais je ne me souviens plus d’avoir vu des joueurs de ce pays en finale. En MA finale. Ah si, oui, c’était il y a longtemps et j’étais encore bien jeune… Et surtout, on ne m’avait pas encore affublée de ces trois étages qui font de moi le plus lourd des trophées. Dire que quand j’avais quelques années, les lauréats pouvaient aisément me soulever, légère que j’étais, alors qu’aujourd’hui, il leur faut se mettre à vingt pour me déplacer.

Mais je m’égare. Ah oui, la Belgique. C’était en 1904.

Hé bien, ils ont en mis du temps pour me faire à nouveau la cour. 111 ans ! 111 ans qu’ils me délaissent. Pourtant, je me souviens de deux joueurs qui auraient pu me transporter de joie mais qui, si mes souvenirs sont exacts, se sont arrêtés juste avant MA finale. Philippe Washer et Jacques quelque chose… Dans les années 50 je crois.

Pfff, ma mémoire n’est plus ce qu’elle était. Mais bon, en 104 finales, j’en ai vu défiler du monde.

Bon, dis, arrête de divaguer et regarde un peu ce double.

Il est pas mal de grand gaillard, là, cet Andy Murray. Deuxième joueur mondial, qu’il est ? Et il joue avec son frère. C’est sympa, cela, j’ai toujours bien aimé les histoires de famille.

En face, je les connais beaucoup moins. David Goffin, oui, un peu. On m’avait dit qu’il n’était qu’un joueur de simple. Pourtant, il a l’air de pas mal se débrouiller. Bon, il reste bien un peu trop au fond du terrain mais je suppose que c‘est la consigne. Et puis, c’est un peu idiot de dire qu’un joueur du top mondial n’est qu’un joueur de simple. Les gens pensent souvent que parce qu’on ne joue pas souvent en double, on est mauvais en double. Sots qu’ils sont.

Avec Goffin, on m’a dit que c’était un gladiateur. Un certain Darcis. Et c’est vrai qu’il donne tout ce qu’il a.

Ils sont pas mal, en fait, ces petits Belges. Ce serait marrant si c’étaient eux qui, demain, dimanche, venaient me soulever devant leur public.

Je sais que je ne peux pas avoir de préférence mais après tout, personne ne m’entend. Même s’il y a longtemps que les Iles Britanniques (oui, je sais, on dit Grande Bretagne, maintenant), ne m’ont plus gagnée, j’en ai un peu marre de voir toujours les mêmes têtes. USA, Australisaia, France, Grande Bretagne. Je n’ai, en plus d’un siècle, visité que 14 pays… Et quasi toujours les mêmes…

Moi, j’aimerais bien qu’un petit pays me gagne et me garde pendant un an.

Oh, mais les voilà qui mènent dans le troisième set, mes gaillards. Pas mal, cela. Bon, il faut bien dire que le Jamie, le frère de l’autre, là, est assez mauvais. Il ne tient pas le coup et, manifestement, la tactique de Goffin et Darcis fonctionne pas mal. Il déteste manifestement devoir sans cesse jouer des volées réflexes, Jamie.

Ah, cela me fait penser à John McEnroe. Qu’il était beau à voir, lui, au filet. Toujours le geste réflexe parfait. OU le petit Stefan Edberg. Et Pat Rafter… Oh, qu’il était beau, Pat……..

A des kilomètres de Jamie.

Oh, zut alors, on dirait que Steve Darcis perd un peu pied. Son service ne va plus.

Ah, que je suis difficile. Ah, que la Coupe Davis, MOI quoi, génère de drôle de rencontres. Ah que je suis un rien vicieuse.

Quand on me joue, il n’y a rien à faire, il se passe toujours quelque chose. Regardez l’année dernière, les Français (COCORICO) qui pensaient m’avoir conquise alors que ce sont les Suisses qui m’ont envoyée en l’air…

Et le nombre de retournement de situation. Je suis géniale, en fait.

Darcis et Goffin viennent de perdre le troisième set. Cela devient difficile pour eux.

Pourtant, vraiment, j’ai vu une fenêtre s’ouvrir et c’est le soleil du plat pays qui me caressait les flancs (je ne deviendrais pas un peu poète sur le retour, là ?). On disait qu’ils n’avaient aucune chance de gagner ce double et, maintenant, ils ont compris qu’ils étaient au moins à chances égales. Que les Murray, finalement, ce n’est pas si terrible.

Qu’en double, tout peut aller très vite. Trop vite parfois.

Tiens, c’est bizarre, le public est tout de même un peu calme. On se croirait à Londres en fait. Ils sont trop gentils, les Belges. Ou alors, ils croient encore que le tennis est un sport uniquement de gentlemen. Dommage car leurs joueurs auraient sans doute besoin d’eux

Trop tard.

C’est fini.

Ils doivent être bien tristes, ces petits Belges. Ils m’ont l’air sympa, disponibles, pas prétentieux.

Le plus dur, pour eux, ce sera quand ils se rendront compte que la chance de m’avoir dans leur cour est sans doute passée ce samedi. Car, dans MA compétition, elle ne se présente que rarement deux fois sur un même week-end de finale, surtout quand il y a un joueur du top en face.

Ils sont passés tout près, les Belges. Et ils vont avoir des difficultés à s’en remettre. Le capitaine et son staff vont devoir faire preuve de beaucoup d’originalité pour retrouver des gars conquérants demain.

Ce sera qui, encore, le premier match ? Ah, mais, je suis sotte, c’est toujours le premier conte le premier.

Murray contre Goffin.

Ouille.

Ouille mais ce n’est jamais fini. Jamais.

Même, moi, parfois, quand je n’y croyais plus, il s’est passé un truc.

Mais là, je dois bien dire que je n’y crois plus trop. Plus vraiment.

Pour les Belges, je veux dire.

Mais allez, quoi, je me disais tout à l’heure que ce serait chouette de me voir rester un an en Belgique. Faut pas que je devienne stupidement défaitiste.

Il faut qu’il donne tout, le petit David contre ce grand Goliath.

Demain, c’est promis, je ne lirai pas les journaux, car je suppose que les apprentis sorciers vont encore estimer que les choix du capitaine étaient ceci ou cela, qu’il aurait mieux valu faire autrement, différemment. Cela fait 105 ans que je lis cela. Qu’Arthur Ashe aurait dû opter plus pour Connors que pour McEnroe, ou l’inverse, je ne sais plus, je suis vieille Que Clément s’est complètement trompé l’année dernière, que tel capitaine est nul…..

Il y a toujours moyen de mieux faire, c’est évident, mais c’est tellement facile de le dire après, quand l’histoire est écrite.

Non, je ne lirai pas les journaux, ou alors seulement quelques-uns.

Bon, c’est pas tout cela, voilà qu’il va falloir me remettre dans ma caisse.

Et demain, dimanche, est un autre jour.

J’aimerais que les Belges n’oublient pas que je suis capricieuse et que, tant que je ne me suis pas réellement donnée à un pays, il y a encore moyen de me conquérir.

J’ai souvent été allumeuse pour finalement me retrouver dans les bras de quatre autre hommes.

Bon, ici, je dois bien dire que je suis déjà quasi dans le lit des Murray mais si je me sens d’humeur badine demain dimanche et que David et Steve me dévoilent tous leurs charmes, je ne dis pas que je n’y cèderais pas.

Mais pour cela, ils vont devoir aller chercher loin dans leur énergie, ils vont devoir me convaincre de changer d’avis. Ils vont devoir, comme ils le font tous depuis le premier tour, se vider les tripes.

C’est que je ne suis pas une fille facile, moi !

Non mais ! »


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